Un touriste pose. Il regarde lâobjectif. Regarde-t-il la culture ?
Se tenant dos au dĂ©cor (qui pourrait ĂȘtre un monument aux morts ou un arc de triomphe, ou peut-ĂȘtre un temple, ou bien une Ă©glise, peu importe) son regard oscille entre bonheur comblĂ© de fiertĂ© dominatrice et impatience haineuse vis-Ă -vis du collĂšgue de voyage qui met trois plombes Ă enclencher son putain dâappareil alors que le soleil cuirait un steak sur son crĂąne. Mais son corps, en fait de prĂ©sence sur le sol inconnu, est une diversion, car son sourire est dĂ©jĂ loin dans les contrĂ©es de lâanticipation narcissique. Ce touriste lĂ sâimagine dĂ©jĂ , tel un NapolĂ©on des temps modernes, portraiturĂ© au mieux de sa forme, bronzage et culture (le monument) assurĂ©s.
SiĂ©geant devant sa conquĂȘte de surface architecturale, ce morceau dâHistoire si simplement annihilĂ©, lâaventurier de la balise pourra enfin dire Ă ses futurs disciples auxquels il passera le flambeau : Jây Ă©tais.
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